• Carnet de voyage N°4

    CARNETS DE VOYAGE

    NOUVELLE-CALEDONIE

    Par Sabine                     

     

    25/09/11

     

    Etonnant Caillou qui mélange ainsi les cultures et traditions. Nous voici aujourd’hui plongés dans le monde des stockman, du bétail et des chevaux. La foire de Koumac se tient chaque année durant tout un WE au mois de septembre. L’affluence est considérable mais l’accès à la foire répond à une organisation sans faille : parcours d’entrée fléché, stewards, contrôle anti-alcool, drogue et armes, parking géant qui regroupe à lui seul toute une expo de 4X4. Les chapeaux de cow-boy couvrent tous les chefs. C’est le monde des hommes, des vrais !

    Au programme, stands divers, snacks, courses de chevaux et rodéos, mais pas une seule goutte d’alcool. Il a fait et fait encore trop de dégâts et est tellement combattu qu’on a l’impression d’être au temps de la prohibition !

    1er rodéo et 1ères impressions :

    -       Ces gars sont fous de se faire malmener ainsi ! Les chutes sont d’une brutalité terrible.

    -       On comprend mieux pourquoi les chevaux montrent une telle détermination à expulser leur cavalier quand on sait qu’ils sont sanglés et compressés au niveau des flancs qui sont une partie très sensible.

    -       L’audio est aussi impressionnant que la vidéo : le souffle furieux des chevaux, le bruit sourd des chutes, les coups de sabots dans les barrières métalliques

         Et pour couronner tout cela les expressions savoureuses du commentateur.

    Nous avons mordu la poussière, moins que certain cavaliers toutefois, et sommes exténués de cette deuxième semaine très intense et n’arriverons même pas à l’extrême pointe nord de grande terre. Nous nous arrêtons près de Poum pour souffler un peu, trop de route, trop de poussière, trop d’évènements. Rideau pour 2 jours !

     

    28/9/11

     

    Après avoir pris la transversale Koumac-Ouéga nous descendons la côte Est vers Hienghène. Le changement de paysage est progressif, la végétation devient de plus en plus luxuriante et tropicale. La route qui longe l’océan et côtoie les à-pics montagneux, nous révèle un autre monde.

    On avance de plus en plus lentement pour pouvoir profiter de toutes ces couleurs, de ce foisonnement de flore, de ces petites échoppes en libre-service qui exposent des sculptures en pierre à savon, des coquillages, des plantes ou des fruits et légumes.

    Les signes de main sont la règle, nous n’avons qu’une envie quitter notre véhicule et aller à la rencontre du peuple kanak qui représente ici, sur la côte Est, 80 % de la population.

    Hienghène est une bourgade assez active avec tous les services et même un office de tourisme par lequel nous sommes passés pour l’organisation d’un séjour en tribu. Ce soir, nous dormons chez Marie-Reine et Albert dans la tribu de Tendo à 25 km de Hienghène en direction de la chaîne montagneuse. Après 50 min de route-piste nous arrivons dans la tribu. Des cases traditionnelles et quelques habitations en dur et toit de tôle se distinguent un peu partout dans la végétation. Nous interrogeons quelques personnes avant de trouver Marie-Reine. Elle nous fait entrer dans son logis constitué d’une case traditionnelle dans laquelle sont installés 2 couchages (paillasse et semblant de matelas au sol), séparés par un manou et d’une construction annexe, dans laquelle Marie-Reine dispose d’une gazinière mais aussi d’un feu à bois pour la cuisine et d’une salle à manger. Les sanitaires quant à eux sont quasi inexistants. Nous lui avons présenté la coutume et elle nous donne le feu vert pour circuler dans le village. Nous ne sommes pas très discrets avec la caméra et l’appareil photo mais les regards sont amicaux et curieux,  nous nous présentons à l’un et à  l’autre et dès que nous précisons que nous ne travaillons pas pour la télé les habitants de Tendo se décontractent. Le repas du soir est servi et nos hôtes ne prétendent pas partager le repas avec nous malgré notre insistance. Ils nous tiennent compagnie pendant que nous dégustons le ragout de cerf, le tarot, l’igname, le manioc. Ils mangeront après nous. Nous en apprenons plus sur leur vie, leur famille, leurs habitudes en tendant très fort l’oreille car ils ont l’habitude de parler très bas, très doucement. Ils ont toujours vécu dans leur tribu et vivent de leurs cultures. Sur leur terre dans la montagne il y a des bananiers, des ananas, des mangues, des papayes, des oranges, des litchies, des jaquiers et ils cultivent l’igname, le manioc mais surtout le tarot doux à la méthode ancienne, càd en terrasses irriguées. Albert est le spécialiste de la région de cette méthode ancestrale de culture du tarot. Après une nuit de semblant de sommeil et de réelles courbatures, nous le suivons le lendemain voir ses tarodières à flanc de montagne.

    Certes cette rencontre était organisée, basée sur une relation pécuniaire mais nous avons le sentiment furtif que quelque chose qui ressemble à de l’amitié, de l’échange, de la compréhension et du respect s’est installé entre nous.

     

    30/9/11 au 2/10/11

     

    Nous logeons dans un bungalow appartenant à Didime, en bord de plage, dans la tribu de Lindéralique. Aujourd’hui, réadaptation à la plongée sous-marine. Nous voilà rendu  chez Babou Côté Océan pour expliquer notre cas : nous n’avons plus plongé depuis 6 ans et avons oublié notre carnet de plongée. Qu’à cela ne tienne, puisque je suis demandeuse, j’aurais une plongée de remise à niveau et René pourra nous accompagner ce qui le remettra également dans le bain ! Avec beaucoup de diplomatie et de patience,Thierry, le gérant du club, me fait redécouvrir les joies de la plongée et l’époustouflante richesse du corail calédonien. Toujours dans la même tribu, nous dînons à la table d’hôte de Julien Tobi, d’un excellent bougna de poulet accompagné d’un petit côte du Rhône. Nous avions bien anticipé le « couvre-feu alcool » instauré depuis plusieurs années. L’alcool fait tellement de ravages ici qu’une interdiction de vente d’alcool a été instaurée sur tout le territoire calédonien, du vendredi midi au dimanche soir, mis à part aux clients des hôtels, restaurants et tables d’hôtes.

    Nous sympathisons avec Julien et lui expliquons notre projet de film. Aussitôt, il nous convie à la fête de la Sainte Thérèse à ne pas rater ! C’est le jour des baptêmes, communions et confirmations à la petite paroisse de la tribu. Nous comprenons qu’il est le président d’une association et qu’il nous introduira auprès des chefs  et de la communauté pour nous permettre de filmer l’évènement. Rendez-vous est pris au lendemain à 8h30 devant l’église.

    Nous y sommes, ainsi que toutes les familles concernées par l’évènement. Le temps est magnifique, la petite église est éclatante au milieu de la végétation tropicale, les femmes habillées de robe popinée aux couleurs chatoyantes, les petites filles noyées dans la dentelle blanche de leur robe de communiante et les  petits garçons en costume-cravate. Tout y est pour des prises de vues magnifiques, sauf Julien Tobi ! Nous nous renseignons auprès de quelques personnes : non, il n’est pas encore arrivé ; Houlala, il est très fatigué, il viendra plus tard ; Ho, mais il a trop bu hier soir, il ne viendra pas !

    En désespoir de cause, nous essayons de trouver par nous-même un autre interlocuteur qui aura autorité pour nous introduire et pour nous autoriser à filmer. Nous avons préparé un manou pour faire la coutume mais personne ne l’accepte, ce qui nous semble assez normal puisque mis à part Julien Tobi, personne ne nous connaît dans la tribu. Nous repartons bredouille avec beaucoup de regrets. Tout au long de la route qui descend vers Poindimié nous ressassons notre échec et avons le sentiment d’avoir raté une belle occasion de rencontrer des gens du pays et de comprendre leurs valeurs. Un soupçon d’espoir renaît quand,  à l’entrée du village de Cié nous apercevons du monde autour de l’église, nous tentons une seconde fois notre chance. Nous palabrons un peu avec telle et telle personne. Notre requête ne semble pas insurmontable. Ici c’est le curé qui décide, il est très gentil et nous demande simplement de ne pas monter sur l’autel pour filmer la cérémonie !

    Nous repassons sur la côte ouest en empruntant la transversale de Houailou à Bourail. La journée a été chargée, dense, très fatigante. Et si on s’arrêtait au Nakamal de Bourail, un petit coup de kava pour se décontracter ! Mis à part une dégustation au Fidji il y a bien longtemps, nous n’avons jamais réessayé. L’endroit est aménagé façon cosy, le patron, originaire du Vanuatu, est très avenant, le lieu se prête à la détente. Les nakamals, lieux où l’on « déguste » le kava, se répandent un peu partout en NC. Après avoir observé le rituel, j’en conclu que je vais essayer un sell à 100 (un petit bol d’une valeur de 100 cfp), m’approcher au plus près du crachoir et ne pas oublier le verre d’eau au sirop pour me rincer la bouche ! Et bien même comme ça, c’est pas bon ! René n’en conclut rien du tout ! il avale 3 doses, parce qu’il faut bien cela pour ressentir quelque effet, manque de vomir le tout et se retrouve 10 min plus tard dans un état très zen que je lui ai rarement connu.

     

    03/10/11 au 05/10/11

    Direction Thio pour une rencontre avec Maurice Fels, retraité de la Société Le Nickel  et passionné de son histoire. Il a constitué un petit musée d’archives dans une salle de la mairie de Thio et nous parle de toute l’histoire de l’exploitation du nickel.

    Retour à Nouméa, pour remettre de l’ordre dans les idées, dans les notes, dans les images et dans le linge sale. Un petit appart trouvé in extremis pour une location de 3 jours et équipé d’une connexion internet, d’une machine à laver et d’un séchoir, voilà de quoi nous remettre à jour avant notre départ pour les îles.  Mais avant cela un rendez-vous très intéressant à l’usine de transformation de la SLN à Doniambo (Nouméa). Le directeur de l’usine nous accueille et nous guidera sur le site, du wharf de déchargement aux aires de stockage, de la roue-pelle aux tubes de combustion, des fours aux coulées et enfin au stockage du produit fini : le nickel présent aujourd’hui dans presque tous les alliages métalliques que nous utilisons : des carlingues d’avion à nos poêlons anti-adhésifs ! Chapeau bas et remerciements à la SLN qui est la seule à avoir répondu favorablement à nos demandes de tournage et qui nous a permis de faire un sujet complet sur le nickel calédonien.

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  • Commentaires

    1
    Papichou
    Dimanche 16 Octobre 2011 à 09:17

    Alors là........de véritables pros.


    Que de choses à apprendre de cette merveilleuse région.


    Bravo, nous sommes impatients de voir le résultat final.


     

    2
    CROQUETTE1
    Mardi 18 Octobre 2011 à 09:37

    WAOUW !!!! some guys have all the luck !!

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