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Carnet de voyage N°5
CARNETS DE VOYAGE N° 5
NOUVELLE-CALEDONIE
Par Sabine
06/10/11 au 08/10/11
Revoir l’île de Pins et la baie de Kuto, où nous étions au mouillage sur « CAREDAS », voilà 8 ans déjà, m’a passablement chamboulé l’esprit. Mais revenons vite au présent pour ne pas sombrer dans la nostalgie. Ivan est avec nous pour 4 jours et nous avons au programme des plongées, une balade au pic N’ga, un tour de l’île en voiture et une rencontre avec Nicolas qui travaille au gîte nataïwatch. Il est installé depuis plusieurs années à l’île des Pins, marié avec une Kunié et connaît bien Gourdon et environs puisqu’il y a séjourné et travaillé chez la fille de nos amis. Il nous transmet un contact qui lui semble intéressant avec une femme qui défend vigoureusement la cause féminine kanak et nous arrange un rdvs confirmé plusieurs fois mais qui n’aura finalement pas lieu. L’entretien du champ d’ignames passe bien avant l’entretien pour un film-documentaire !
Par contre, nous faisons un troc sympa avec Nicolas : une excursion en pirogue traditionnelle à voile en Baie d’Upi, contre une petite séquence filmée de ladite excursion pour la promo du gîte.
On passe ensuite à l’incontournable piscine naturelle de la Baie d’Oro : eau turquoise dans un écrin de roches coralliennes et de végétation tropicale. Si on pouvait y être seul ce serait le paradis ! Mais l’île des Pins est très visitée et très convoitée, surtout lorsqu’un paquebot arrive ou durant les longs We des Nouméens.
09/10/11
Notre périple aux Loyautés a dû être revu complètement puisque nous avions établi notre planning en fonction des renseignements pris sur le site internet du Betico (à prononcer « cho ») qui est le catamaran reliant Nouméa aux îles et les îles entre elles. Arrivés au guichet de réservation, très sûrs de nous, nous demandons les billets pour les jours et heures que nous avons prévus pour nous déplacer de Maré à Lifou et de Lifou à Ouvéa. Seulement voilà ! Le Betico ne dessert plus Ouvéa depuis 3 ans et la liaison Maré Lifou n’a lieu que le lundi. Le webmaster a un peu de retard !
Donc après avoir fait des projections savantes, nous en déduisons que le seul moyen d’optimiser notre séjour et de réduire les frais est de choisir entre l’île de Maré et l’atoll d’Ouvéa et de nous déplacer en avion.
Donc lundi 9/10, nous voilà à 5h40 à l’aéroport de Magenta pour un départ vers Maré à 6h40. Logiquement. En réalité nous décollons 4 heures plus tard (problème technique).
4 heures pendant lesquelles nous errons comme des somnambules entre la cafetaria et la salle des pas perdus.
Atterrissage à Maré à 11h30 après un vol très turbulent. Nous prenons possession de la voiture louée, une petite micra à laquelle il manque quelques éléments et qui manque également de m’assommer avec le haillon arrière qui ne tient plus. Mais elle roule !
Le premier contact se fait sous une pluie battante. Nous mourrons de faim et sommes épuisés. Mare étant extrêmement isolée, nous décidons d’un repli stratégique au Nengone village, seul hôtel de l’île, pour un déjeuner que nous espérons réparateur. Sauf que nous tombons au milieu d’un QG de 50 gendarmes qui ont réquisitionné l’hôtel suite aux évènements du mois d’août. Il s’agissait d’affrontements sanglants et meurtriers entre tribus sur fond de conflit social relatif à la hausse des tarifs d’Air Calédonie, teinté de désaccords très anciens concernant l’appartenance de terres et aggravé par l’opposition entre catholiques et protestants.
Bref, la situation est toujours tendue, des procès doivent débuter dans peu de temps, ce qui explique la présence prolongée de la section mobile de la gendarmerie. Bof, Maré ne nous apparaît pas sous son meilleur jour ! Attendons voir demain pour porter un jugement.
Nous logeons dans la tribu de Yedjele, chez Lola, dans un bungalow face au lagon qui nous éblouit dès le petit déj. par ses couleurs turquoises, vertes, bleues. Instantanément, l’équipement PMT s’impose pour l’exploration d’un merveilleux jardin de corail au pied de notre logement.
Ca va mieux ! Nous commençons notre découverte de Maré qui nous a été décrite par des natifs de l’île comme très authentique, préservée du tourisme. Nous ne pouvons que confirmer ce descriptif. De vraies rencontres sont encore possibles pour peu que l’on aille vers les gens et que l’on respecte leurs traditions qui sont essentiellement basées sur le bon sens, le respect , la politesse et l’ouverture à l’autre.
Nous rencontrons d’abord Rose N’Giaoni qui s’occupe des associations de femmes, de la condition féminine sur Maré. Elle est l’interlocutrice entre ces associations et la province. Elle nous décrit le quotidien des femmes dans les tribus et leur lutte contre les violences conjugales souvent induites par l’excès d’alcool qui décidément représente un fléau. En ce moment, suite aux fameux évènements, l’alcool est complètement interdit à Maré et les femmes espèrent que ce blocus durera longtemps. Il est bien sûr contourné par un marché noir qui s’opère à partir de Nouméa par bateau et par avion dans de grandes glacières qui sont parfois confisquées.
Notre exploration de Maré se poursuit mais nous peinons à nous y retrouver sur la carte simpliste de l’île. Tous les panneaux indicateurs ont été saccagés et nous ne trouvons pas grand monde. Là ! des gens, de l’activité, des préparatifs. Nous n’hésitons pas à nous arrêter et à demander notre chemin. Nous sommes chez Jules et l’activité qui règne chez lui s’explique par la fête de mariage de son filleul qui aura lieu demain. Il nous explique la route à suivre, nous propose un café et discute un moment avec nous. Comme si cela lui semblait tout naturel, il nous invite à la fête coutumière du lendemain. Nous acceptons bien sûr et sommes aux anges !
11/10/11
Dès le matin, nous sommes au poste chez Jules. Nous lui présentons la coutume et il transmet le manou au maître de cérémonie qui nous introduit auprès de la tribu. L’ambiance est encore aux préparatifs, tout est organisé en petits stands, très bien équipés et protégés du soleil par des palmes. Il y a la boucherie où quelques hommes débitent les morceaux du bœuf qui a été abattu à l’aube, le foyer est entretenu par des jeunes garçons pour chauffer l’eau du café-thé. Les volutes de ce qu’ils fument se mélangent aux fumées du feu. Dans la case, les femmes installées par terre sur des nattes, épluchent et coupent une tonne de légumes. Des jeunes filles sont au poste vaisselle. En tout, une trentaine de personnes travaillent en communauté à la préparation de la fête de mariage. Ensuite vient la disposition des ignames sur l’esplanade laissée libre entre l’abri de palmes réservé à la famille de la mariée et celui de la famille du futur époux. Les monticules d’ignames sont disposés selon un ordre bien précis. Les offrandes des frères du marié, de l’ainé au cadet puis celles de l’oncle qui a plus d’importance que le père.
Tags : mare, l’ile, bien, femme, chez
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